DOUBLE, présenté par la compagnie Dessources, nom propre pensé et voulu par son chorégraphe et danseur Nono Battesti, présente un spectacle visuel, sonore, esthétique mais surtout propose un voyage dans ce qui fait la beauté du monde : la recherche de soi. Emotion, sens et raison. Tout pour faire une œuvre remarquable. Découverte au Off Avignon 2016. (Photos © Alexandre Reynier/TheProvenceHerald)
DOUBLE, symbole et âme
Juliette Colmant (à gauche) et Nono Battesti (à droite)
L’intention de DOUBLE, ambitieuse, est au cœur de l’interrogation existentielle de Nono Battesti. La recherche de l’équilibre personnel se réalise dans un processus véritablement alchimique : « La réconciliation entre les différents visages qui constituent une seule et même personne ».
Après des années à l’avoir suivi sans un mot, l’ombre d’un homme va se redresser afin de faire connaissance avec celui-ci. Cette ombre se matérialise sous la forme d’une femme, ce qui n’est pas sans importance pour Nono Battesti. Une succession de sentiments vont passer entre ces deux personnages qui, comme beaucoup, se connaissent sans se comprendre. Ils vont se découvrir, apprendre à s’aimer, double de l’autre et reflet d’une seule et unique personne. Si le Destin s’évertue à créer de nouveaux évènements dans sa vie, l’homme se sert de son instinct pour déjouer les pièges. Le duel verra le Destin et l’homme s’affronter dans une lutte acharnée pour finir dans un double apaisé et tourné vers l’avenir.
DOUBLE, ballet multiformes
Juliette Colmant et Nono Battesti.
La réussite tient tout autant à la narration, avec un début et une fin, qu’à la complicité existante entre les deux principaux personnages incarnés par Nono Battesti et Juliette Colmant. Jouant le rôle du double, elle exprime cette situation qui n’arrive pas tout de suite à s’affirmer ni à se situer vis-à-vis de son partenaire, l’homme.
La chorégraphie est une fausse improvisation. Les pas, les mouvements, les glissés, les sauts, les souffles sont calculés au millimètre et imposent une parfaite osmose entre les danseurs. Là se situe indéniablement la réussite de Double ; Il faut voir comment Juliette Colmant se glisse dans les interstices laissées par les mouvements de son partenaire. Seule une longue fréquentation professionnelle peut arriver à cela. Dans sa partie solo, elle transmet, en occupant complètement la scène, tous les sentiments qui assaillent l’homme.
Juliette Colmant et Nono Basttesti dans l’avant dernière scène
Nono Battesti par sa présence seule influe au spectacle une énergie et une clarté essentielles dans l’histoire. Il arrive, sans donner l’impression de l’effort, à faire émerger le combat avec lui-même dans des mouvements et des poses touchant à la sculpture. On aperçoit ici et là sa formation de danse classique, en plus de celle de jazz et du hip-hop dans lequel il ne veut absolument pas se laisser enfermer. Le ballet Double est ainsi à son image. Une recherche existentielle, jungienne dans sa manière de laisser advenir les images archétypales qui l’habitent, se trouve ainsi mise en visibilité par une perfection absolue dans la danse. Une œuvre dont le résultat est un long travail d’écriture personnel dans des carnets qui ne le quittent jamais. Le ballet chargé, d’électricité, de sens et d’émotion ne peut pas être totalement appréhendé sans un usage nécessaire de la raison. Nous serions presque devant l’« œuvre totale » chère à Wagner.
DOUBLE, une œuvre de partenaires
Nono Battesti face à face avec Quentin Halloy, guitare et percussions
Parler avec Nono Battesti de son ballet Double c’est s’entendre dire qu’il ne serait pas sans ses partenaires de la troupe. Il insiste souvent sur le côté « famille » dans le sens où tout le monde se connait depuis de très nombreuses années et que les échanges en interne le nourrissent dans sa propre écriture. Chacun peut amener ses réflexions et commentaires s’ils permettent d’améliorer le spectacle. Ainsi, le musicien sur scène Quentin Halloy comme Dyna B chanteuse et danseuse ont permis de faire évoluer certaines situations. D’où sûrement cette implication personnelle de chacun, ressentie pendant tout le spectacle.
DOUBLE, ballet chargé de poésie, de pudeur et de liberté, est une œuvre esthétique marquée par la puissante écriture toute personnelle de Nono Battesti. Une œuvre magnifique ayant reçu le prix du public Off 2016 dans la catégorie « Danse-Théâtre ». Récompense méritée et exceptionnelle sachant que c’était la première fois que la compagnie Dessources venait en Avignon. Nous attendons avec impatience sa prochaine production.
De gauche à droite : Nono Battesti, Quentin Halloy et Dyna B, chant et danse.
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