HENRI MATISSE ses objets d’inspirations au Musée Matisse à Nice

HENRI MATISSE disait souvent « j’ai travaillé toute ma vie devant les mêmes objets ». L’exposition « Henri Matisse, une palette d’objets” se propose de présenter l’ensemble des objets et des meubles ayant appartenu à Matisse et conservés dans la collection du musée de Nice. Il faut souligner son caractère exceptionnel, remarqué en tant que référence par les musées de Boston et de Londres, dans le cadre de projets d’expositions en 2017. Jusqu’au 24 septembre 2016

Henri Matisse, des objets ordinaires pour  la peinture

L’exposition offre la possibilité de mieux connaître le processus de création d’un des grands maîtres du XXème siècle. Elle permet aussi de renouveler notre regard sur les œuvres de la collection du musée Matisse. Elle bénéficie de prêts prestigieux des musées du monde où se trouvent représentés les objets de la collection de Nice.

L’origine de grandes œuvres se trouve également dans la simplicité de certaines inspirations ouvrant au vaste monde de la création. MATISSE aime s’entourer au quotidien de meubles et d’objets, qui renouvellent sans cesse son inspiration. Il peut en faire le sujet principal de ses peintures et de ses dessins. Certains de ces objets sont des compagnons de toujours. Louis Aragon avait remarqué l’importance de ces objets dans le processus créateur du peintre. Il reproduit, dans son livre Henri Matisse, roman, sous le titre « Palette d’objets » une photographie que l’artiste lui a fait parvenir. Dans celle-ci sont rassemblés les objets qu’il a le plus souvent représentés. Les considérer de manière plus attentive, telle une palette de formes et de couleurs, offre une vision renouvelée et enrichie de la genèse de l’œuvre.

La singularité du  MUSEE MATISSE de Nice est d’avoir pu bénéficier de la donation par l’épouse du peintre puis par ses héritiers, de l’ensemble le plus complet et le plus représentatif d’objets et de meubles utilisés par l’artiste. Pour le maître, l’objet, artistique ou utilitaire, est le prétexte de recherches portant sur la ligne, la forme et la couleur. Celles-ci s’inscrivent dans son parcours méthodique vers une simplification toujours plus grande à la recherche du « signe » et de la luminosité de l’œuvre. Au-delà, le peintre leur donne une personnalité et les considère comme autant d’acteurs porteurs d’un caractère singulier et d’une histoire particulière qu’il met en scène dans des dispositions différentes.

Une exposition sur les objets sources de création

Matisse dans sa correspondance écrivait : « C’est le milieu qui crée l’objet. C’est ainsi que j’ai travaillé toute ma vie devant les mêmes objets qui me donnaient la force de la réalité en engageant mon esprit vers tout ce que ces objets avaient traversé pour moi et avec moi. »

Dans l’exposition, on trouve un ensemble unique de plus de cent-trente objets, tissus, tapis et de meubles de diverses provenances ayant appartenu au peintre. Ainsi durant l’été 2016, le musée Matisse présente l’ensemble de cette collection pour poursuivre sa vocation en tant que centre de référence à la connaissance de l’œuvre de Matisse.

Des pièces remarquables

Légende : Peinture d’Henri Matisse, Fauteuil rocaille, Vence, 1946 – Au premier plan : fauteuils et guéridon vénitiens ayant appartenu à l’artiste. Coll. musée Matisse, Nice. © Succession H. Matisse pour l’œuvre au mur – Photo : Ville de Nice – Musée Matisse / Nathalie Lavarenne.

En 1963, le musée Matisse est installé au premier étage de la villa des Arènes, anciennement, villa Garin de Cocconato. Le fils de Matisse, Jean, artiste-sculpteur lui-même, se voit confier plus particulièrement, en accord avec sa sœur et son frère, Marguerite Duthuit et Pierre, la présentation des collections. La collection d’objets est depuis lors présentée en permanence dans un souci de correspondance avec les œuvres, selon l’arrangement thématique des expositions permanentes ou temporaires. Ainsi, le fauteuil vénitien peut côtoyer la peinture Fauteuil rocaille (1946), les verres à vin du Rhin, Lectrice à la table jaune (1944), le mobilier mauresque, la peinture Odalisque au coffret rouge (1927), cela dans l’esprit historique de la présentation des collections.

Le titre de l’exposition « Une palette d’objets », fait référence à la photographie réalisée par Hélène Adant à la demande de Louis Aragon. Celui-ci avait sollicité Matisse en 1946 afin qu’il rassemble les objets les plus représentés dans ses œuvres au cours de sa vie.

Hélène Adant : Palette d’objets, Villa Le Rêve, Vence, 1946 – Photographie – Coll. Photothèque du centre de documentation, musée Matisse, Nice – Photo : © Fonds Hélène Adant, Bibliothèque Kandinsky, Mnam/Cci, Centre Pompidou, Paris

Louis Aragon disait de cette photo : « … Le monde des modèles matissiens… Matisse […] me l’a ouvert : je retrouve cette photo qu’il avait tenu à m’envoyer quand j’écrivais La Grande Songerie […] au dos de la photographie, Matisse a écrit pour moi : Objets qui m’ont servi presque toute ma vie ».
L’écrivain a su exprimer l’importance que revêtent les objets. Il les décrit comme « [un] groupe [de] bons serviteurs, pris comme une photo de collège, trois rangs devant et derrière, debout, ou sur des marches, les aînés qui auraient caché les petits si on les avait mis devant ».
Aragon dénombre trente-neuf pièces sur cette photographie. Si Matisse possède un plus grand nombre d’objets, cette « palette » constitue le cœur d’« un vocabulaire d’objets » qui aujourd’hui fait partie de la collection du musée Matisse de Nice.

Hélène Adant – La comédie du fauteuil rocaille, Villa Le Rêve, Vence, 1946 – Photographie – Coll. Photothèque du centre de documentation, musée Matisse, Nice – Photo : © Fonds Hélène Adant, Bibliothèque Kandinsky, Mnam/Cci, Centre Pompidou, Paris

Cette prise à Nice dans l’appartement du cours Saleya dévoile un décor d’inspiration marocaine fait de tentures, de tapis, d’un brasero et autres objets exotiques. Celles de Brassaï, d’Henri Cartier-Bresson, d’Hélène Adant réalisées à Vence, révèlent le travail de Matisse dans son univers fait de plantes, d’oiseaux, de moucharabiehs, évoqué par Aragon. Dans le grand appartement du Régina, le peintre apparaît entouré de ses œuvres et objets dans la luminosité de vastes pièces.

Henri Matisse : Lectrice à la table jaune – Vence, 1944 – Huile sur toile, 53,5 × 72,5 cm – Signé et daté en bas à gauche : Henri Matisse 4/44 – Nice, collection musée Matisse – Don de Madame Henri Matisse, 1960 – © Succession H. Matisse Photo : François Fernandez

Dans ce portrait, exécuté en 1944 durant la période vençoise, le modèle, Annelies Nelck, bras appuyés sur une table, pose son regard sur un livre. À droite de la toile, un bouquet de fleurs dans un vase au décor floral, un verre à vin du Rhin et des grenades complètent la composition. Matisse choisit de représenter ces objets familiers qui apparaissent dans plusieurs de ses œuvres picturales et graphiques.
Ici, Matisse traite l’objet non plus par surfaces ou volumes colorés, mais par le trait. Définis par la seule ligne vigoureuse de leurs contours qui se détache de la surface colorée, les objets rythment la toile par leur forme simplifiée. Traité d’une manière similaire, l’objet prend une place aussi remarquable que le modèle.
À cette époque, Matisse reprend dans de nombreuses toiles ce même principe alliant graphisme et surfaces colorées, cherchant à exprimer son émotion le plus directement possible, par la ligne et la couleur. Cette peinture, ainsi que d’autres œuvres de la collection du musée, permet d’aborder les recherches fondamentales du peintre.

INFORMATIONS PRATIQUES :
« Henri Matisse, une palette d’objets »
jusqu’au 24 septembre 2016
Musée Matisse
164, avenue des Arènes de Cimiez – Nice

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