André Beaufils, Président des Voiles de Saint-Tropez

ANDRÉ BEAUFILS, avec son calme et sa maîtrise habituels, nous raconte l’évolution des Voiles et leur possible avenir. Nous percevrons mieux également sa personnalité au travers de certaines de ses confidences… (Photos : © SNST ; © Gilles Martin-Raget ; © Alexandre Reynier/The Provence Herald)

ANDRé BEAUFILS, un homme, une régate

Au fond du nouveau Village des Voiles, reconstitution particulièrement réussie d’une rue provençale, se trouve l’espace réservé aux inscriptions et aux équipages. Derrière le comptoir, parmi les bénévoles et les membres de la SNST, une table comme bureau avec des dossiers et un simple ordinateur portable, permet à André Beaufils de travailler et de recevoir. Les Voiles de Saint-Tropez et son esprit nous sont racontés par son Président.

The Provence Herald : Depuis longtemps vote nom est attaché aux Voiles de Saint-Tropez. Pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?
André Beaufils : Je suis ingénieur de formation et ma carrière professionnelle s’est déroulée en région parisienne. En 1979 je m’installe à Saint-Tropez. Trois ans plus tard j’intègre le conseil d’administration de la SNST (Société Nautique de Saint-Tropez) que je n’ai plus quitté. J’étais président de 1989 à 1991 et le suis de nouveau depuis 2000.

T.P.H. : Les Voiles ont commencé en 1999. Quelles différences et similitudes existent-ils avec la Nioulargue, l’ancienne régate ?
André Beaufils : Les similitudes sont nombreuses : plusieurs types de courses, une régate sans prix en numéraire et des lieux mythiques, Saint-Tropez, le golfe et les plages de Pampelonne. C’était il y a trente cinq ans. Pour les différences, j’en vois trois principales. D’abord, en regardant le passé je m’aperçois que les anciens ont vieilli et que le jeunes aujourd’hui n’ont pas envie de jouer de la même façon. Les concurrents ne sont plus les mêmes. La formule du début : « Les propriétaires à bord, les copains d’abord » se confronte à la réalité : les propriétaires ne sont plus à la manoeuvre et l’équipage se professionnalise. Le deuxième point est l’évolution de la réglementation. Une coutume de la Nioulargue voulait que l’on se jette de l’eau entre bateaux. Cela n’est plus possible. Le dernier point concerne les voiles des bateaux sans publicité. Avant il suffisait que l’organisateur le décide lui-même. Maintenant il faut demander l’accord à la Fédération Française de Voiles.

T.P.H. : En tant que Président de la SNST et des Voiles, qu’elle est votre rôle ?

André Beaufils : Dès le début de ma fonction, j’ai voulu maintenir l’esprit qui animait les anciens organisateurs : pas d’enjeu, l’esprit de camaraderie et maintenir si possible la formule du début des régates. Mon rôle est de m’assurer que l’on a rien oublier, de mettre des gens compétents en place, de respecter les règles fédérales et d’accueillir les concurrents. Ma seule tâche est le discours de remerciement à la remise des prix ! Nous avons deux cents personnes pour les Voiles C’est une PME mais qui ne fait pas de profit…

T.P.H. : Comme toute PME, les Voiles demandent de l’organisation, des méthodes. Quelles sont les vôtres ?
André Beaufils : La principale est la motivation, basée sur le plaisir de travailler ensemble. Quand il y a un problème, je dis : « venez me voir, mais avec la solution ». La recherche des responsabilités se concentre sur comment éviter de renouveler l’erreur. Je partage la formule : « je fais les choses sérieusement et je ne me prends pas au sérieux ». Nous travaillons pour résoudre les problèmes. J’ai un rôle de décideur car il faut prendre des responsabilités mais je ne suis pas là pour faire subir aux autres mon diktat. On me dit qui je suis un homme de confiance et que je fais confiance. J’aime le croire, en tout cas c’est un élément important dans ma conduite personnelle et professionnelle.

T.P.H. : Depuis dix sept ans les Voiles existent. Comment voyez-vous leur avenir ?
André Beaufils : Ma vision pour leur existence est le maintient d’un minimum de valeurs : le refus de l’argent, il ne fait pas tout bien qu’il soit nécessaire, savoir d’où l’on vient mais sans nostalgie, en l’occurence Patrice de Colmont, entretenir le souvenir tout en étant ouvert sur le monde. En un mot faire perdurer ce qui existe sans statu quo. Je souhaite que la SNST puisse continuer à faire les Voiles. Nous verrons dans dix ans son évolution et en tirer des conclusions, avant c’est trop tôt. L’essentiel étant que les concurrents aient plaisir de venir aux Voiles.

T.P.H. : Le Village présente un nouvel aspect, le partenaire Rolex sera de retour l’année prochaine, le nombre de bateaux augmente encore cette année… Comment se présenteront les Voiles l’année prochaine ?

André Beaufils : Le Village a toujours été un espace de vie et de convivialité pour les concurrents et une unité de lieu pour les visiteurs et les partenaires. En un mot un art de vivre. Cette année, à cause des travaux d’agrandissement de la capitainerie, son espace est plus petit. L’année prochaine le Village aura cet aspect de rue provençale mais en plus grand car les travaux seront finis. Et Rolex reviendra. Il ne voulait pas que la marque soit présente pendant des travaux. Avec eux nous serons au top car ils sont exigeants. Cette année est donc une année de transition. Pour le nombre de bateaux, nous arrivons au maximum de nos possibilités techniques. Trois cent bateaux dans le Golfe de Saint-Tropez, c’est aussi un maximum sur le plan de la sécurité. On tournera dans les années à venir avec ce nombre.

T.P.H. : Les Voiles durent une semaine et la pression est importante ; comment faites vous pour garder votre calme ? Avez-vous un secret ?
André Beaufils : On ne peut pas résoudre un problème autrement qu’en gardant son calme. Quand arrive un incident, il faut trouver la solution. Pour cela on fait du préventif, si possible dans la joie et la bonne humeur. Pour garder mon calme, j’applique une méthode relativement simple. Je vois plus loin que l’instant présent en ayant la force de dire non à l’impatience ou à l’énervement qui me guette. Je reconnais que ce n’est pas toujours facile… Pour le reste, je reprendrais volontiers la réponse d’un illusionniste à qui on demandait de dire le secret d’une de ses manipulations : « Vous savez garder un secret ? eh bien, moi aussi ! ».

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